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mathieu bock-côté - Page 9

  • La revue de presse d'un esprit libre... (9)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    Alain de Benoist publie ces jours-ci une nouvelle version largement augmentée de son essai sur les droits de l'homme.
     
    • Sur radio Courtoisie, dans son Libre Journal des enjeux actuels du 5 avril  2016 Arnaud Guyot-Jeannin recevait Alain de Benoist, Thibault Isabel et Olivier Dard sur le thème "Comment analyser le modèle américain ?"
     
     
    Grégoire Gambier ;  roborative déclaration d'ouverture au troisième colloque de l'Institut Iliade qui s'est tenu le 9 avril devant plus d'un millier de personnes sur le thème "Face à l'assaut migratoire, le réveil de la conscience européenne". Celle-ci est suivie par l'introduction au colloque de Philippe Conrad qui explore la généalogie de l'immigration et les tabous qu'elle a engendrés du fait des "autorités morales". La troisième référence est empruntée au journal de Tv-Libertés du lundi 11 avril qui rend compte à partir de la onzième minute de ce colloque avec des interviews des divers participants. Bref, tout ce que la presse subventionnée s'efforce de soustraire à la connaissance de ses lecteurs.
     
     
     
     
    Paul Jorion s'exprime sur France Inter. Autant Paul Jorion est extrêmement lucide sur le plan économique, autant se montre-t-il angélique sur le plan de l'immigration (parler des "progrès" de l'intégration des communautés musulmanes en Belgique relève de la cécité volontaire). Par ailleurs il occulte dans son analyse du remplacement des hommes par des robots les coûts énergétiques de ce remplacement qui sont fort bien analysés par Jean-Marc Jancovici. Il semble plus pertinent de raisonner en terme de déplétion. Là encore, Jorion se montre trop optimiste...
     
     
    Michel Onfray sur Public Sénat tient des propos perspicaces sur la politique extérieure et revient sur son livre concernant l'islam. Se prononce, in fine, pour la "gauche Condorcet". À partir de la soixantième minute.
     
     
    • Le sociologue Mathieu Bock-Côté redécouvre Julien Freund qui fut un compagnon de route de la mal nommée Nouvelle Droite. Elle fit appel à lui dès son colloque de 1975 Des élites pour quoi faire inaugurant ainsi une collaboration qui ne devait prendre fin qu'avec la mort de celui-ci. 
     
     
    • Sur son bloc-notes du Figaro Ivan Rioufol  remercie Poutine d'avoir contribué à la libération de Palmyre. S'y ajoute une critique de son livre La guerre civile qui vient (Pierre-Guillaume de Roux, 2016). Celle-ci fait appel à la Providence (avec majuscule) pour rendre compte de la lucidité d'Ivan Rioufol, alors que nul n'est besoin de recourir aux sortilèges d'un arrière monde pour dire honnêtement ce que l'on voit et le voir sans oeillère idéologique. Il suffit seulement de courage ce qui est déjà beaucoup par les temps qui courent... Présenter Rioufol comme un héraut de la déconstruction des déconstructeurs (suivant la formule d'Éric Zemmour) est en soi bien exagéré tant qu'il ne s'est pas attaqué au principal, le libéralisme, père de toutes les initiatives malheureuse prises en matière d'économie et de société depuis des lustres. La critique prend ouvertement le parti de désigner l'immigration comme fossoyeur de l'identité française. Cette assignation mono-causale est largement insuffisante car il n'est pas certain que l'Europe se porterait mieux si aucun immigré n'y avait mis les pieds. Il y a dans cette critique une confusion, souvent faite, entre les causes et les conséquences du phénomène; trop accorder aux conséquences permet de se soustraire à l'analyse des causes.
     
     
     
    Éric Zemmour dans sa chronique de RTL : "Saint Pasdamagame priez pour nous, Manuel Valls a blasphémé..."
     
     
    • Symbole de notre débâcle, la campagne Tous Unis Contre la Haine. L'immigrationnisme victorieux ne se repent jamais de ses propres erreurs, il est une lâcheté parée d'oripeaux grandiose nous dit sur Causeur Alain Nueil, romancier et professeur agrégé de français.
     
     
    Philippe Conrad, directeur de la Nouvelle Revue d'Histoire, dénonce sur Boulevard Voltaire les amis du désastre; tous ces imposteurs qui voudraient que l'Europe n'existe que pour nier sa propre identité substantielle afin de mieux accueillir l'Autre c'est à dire Big Other. 
     
     
    Jean-François Gautier s'exprime sur la perénité de la psuché collective des Européens. Selon lui l'histoire n'a pas de sens préalable mettant ainsi un terme à sa téléologie conduite depuis toujours par les "progressistes" amateurs de fins dernières.
     
     
    • Conflits, la remarquable revue trimestrielle de géopolitique dirigée par Pascal Gauchon vient de sortir son neuvième numéro. Il comporte comme dossier central un ensemble d'articles consacrés à la guerre civile. Parmi les nombreux collaborateurs de la revue on note les noms de Thierry Buron, Gérard Chaliand, Hadrien Desuin, Grégoire Gambier, Christian Harbulot, Tancrède Josseran, Hervé Juvin, Gilles Kepel, Bernard Lugan, Richard Millet, Xavier Raufer etc.
     
     
    Max SchelerTrois essais sur l'esprit du capitalisme. Né en 1874, mort en 1928, Max Scheler est à l'origine de l'anthropologie philosophique dont son élève Arnold Gehlen a été le principal continuateur.
     
     
    • L'autoportrait païen de notre ami Christopher Gérard.
     
     
    • L'ancien ambassadeur de France dans divers pays d'Afrique Michel Raimbaud décrypte la stratégie du chaos initiée par les idéologues néo-conservateurs américains et leur plan de reconfiguration du Proche Orient.
     
     
    • Un nouveau venu dans la presse quotidienne régionale de réinformation : Parisvox.info . Entretien avec ses animateurs Xavier Eman et Stéphane Renaud.
     
     
    • Panama Papers : le retour des "chéquards" de Panama pue la manipulation grossière. Non que les informations produites par un consortium de journalistes "d'investigation" soient fausses, mais qu'elles aient été amputées d'une grande part de ses affiliés. Le fait que presque aucun citoyen américain, mis à part quelques dizaines de petits poissons inoffensifs, ne figure dans cette myriade de noms pourrait laisser supposer que la fuite a été pilotée. On s'étonne moins de ces absences quand l'on sait que l'organisme qui a dévoilé les fameux documents est financé par l'Open Society de George Soros. Le Monde a d'ores et déjà tenté maladroitement d'allumer des contre-feux pour expliquer ces mise en congé mais il est bien connu que celui qui paye l'orchestre choisit la musique. Raison, sans doute, pour laquelle les autorités chinoises, russes et syriennes on été visées les premières à coté du menu fretin. Et, last but not least, Marine le Pen dont une relation aurait planqué la somme faramineuse de 316 000 euros à Hong-Kong... Somme qui a été déclarée au fisc français si l'on en croit l'avocat de l'intéressé qui fournit des documents probants. Bref tout ce tintouin contre les ennemis de l'Occident pourrait bien se révéler n'être qu'un minable feu de paille. Il nous aura du moins permis de nous remettre en mémoire la septième promesse de François Hollande dans ses 60 engagements pour la France : "J'interdirai aux banques françaises d'exercer dans les paradis fiscaux". La leçon à tirer de tout cela c'est que contrairement à la prophétie de Marx ce ne sont pas les prolétaires, mais l'hyper classe oligarchique qui n'a plus de patrie (fiscale).
     
    - La mise au point de la Fondation Polémia qui voit dans ce pseudo scandale mondial une affaire qui arrange l'Empire, suivie d'une lettre de Marine Le Pen qui considère les accusations la ciblant comme un cas d'école de pure désinformation destinée à manipuler les foules.
     
    - L'avis de Hildegard von Hessen am Rhein sur Boulevard Voltaire.
     
    - La dernière partie du texte Se méfier des campagnes de désinformation de Jean-paul Basquiat sur le site de Europe solidaire
     
    - Le point de vue plein d'humour (noir) d'Éric Zemmour qui pose, lui aussi, les bonnes questions : pourquoi Panama et pourquoi pas le Delaware, pourquoi les copains de Poutine et pas les copains de Wall street d'Obama, pourquoi le syrien Assad et pas le turc Erdogan ? Qui instruit, qui vérifie, qui condamne, qui alerte ? Et il conclue sur la sécession des élites rappelant l'ouvrage éponyme de Christopher Lasch. 
     
    - Le point de vue de l'OJIM.
     
    - Celui de Causeur.
     
    - Celui des aborigènes d'Europe de Terre autochtone.
     
    - Celui récapitulatif de l'économiste Jacques Sapir qui pose les bonnes questions au sujet de ces Panama Papers.
     
    - Auquel on ajoutera cet article du Temps, quotidien suisse qui dénonce l'opacité fiscale aux États-Unis même devenus le refuge des grandes fortunes mondiales qui veulent échapper à l'impôt.
     
    - Enfin relevée sur Antipresse, lettre hebdomadaire gratuite publiée par Slobodan Despot, cette singulière "prophétie" résumée ici par Novopress.
     
    Cyril Hanouna, symbole de la télé poubelle, ici croqué par l'OJIM.
     
     
    • De l'OJIM toujours, la réaction de Brice Couturier, seule voix discordante des matins de France Culture, en réplique à l'homogénéité idéologique des invités de l'émission.
     
     
    • Les millionaires français font-ils leur alya ? 7000 d'entre eux ont décidé de "s'élever spirituellement" en rejoignant la Terre Sainte (coté israélien bien entendu) en 2015. On espère pour eux que Yahweh leur accordera sa mansuétude. En cash ?
     
     
    Alain Finkielkraut dans L'esprit de l'escalier nous parle de l'hommage tronqué du journal Le Monde à propos de l'écrivain hongrois Imre Kertész, ce lauréat hongrois du prix Nobel, qui vient de mourir. L'hommage que lui a rendu Florence Noiville (épouse de Martin Hirsch) dans ce qui fut le quotidien de référence vaut en effet son pesant de fabulation. Dans son dernier livre L'ultime auberge, Kertész écrit ceci : "Les jours misérables du déclin de l'Europe. L'Europe s'aplatit devant l'islam, lui supplie de lui faire grâce. Cette comédie me dégoute. L'Europe meurt de sa lâcheté et de sa faiblesse morale, de son incapacité à se défendre et de l'ornière morale évidente dont elle ne peut s'extraire depuis Auschwitz". Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, nous rappelle Finkielkraut, Theodor Adorno a énoncé ce nouvel impératif catégorique : "Penser et agir de façon à ce que Auschwitz ne se répète pas, que rien de semblable ne se produise". Adossés à cet impératif, poursuit Finkielkraut, nous avons donc appelé à la venue d'une humanité que ne romprait aucune séparation intérieure... Voulant faire de l'Europe un exemple, nos intellectuels les plus conséquents ont défini l'Europe, avec Ulrich Beck, par cette formule saisissante : " Vacuité substantielle, tolérance radicale". Nous avons donc choisi en guise d'identité, de nous déprendre de nous-mêmes, ainsi étions nous sûrs de n'exclure personne. En l'absence d'un "nous", il ne pouvait y avoir de partage entre "nous" et "eux". Europe des valeurs, des normes, des procédures. Europe comme marché et droits de l'homme et non Europe comme civilisation. Cette application de l'impératif catégorique d'Adorno nous désarme. Elle est, dit Kertész, rescapé d'Auschwitz, notre ornière morale. Et voici comment Florence Noiville choisit de traiter ce passage de L'ultime auberge :  "Hormis peut-être dans son dernier ouvrage, L'ultime auberge, ça et là, quelques remarques déconcertantes de sa part, dues peut-être au grand âge, sur l'Europe et sur l'islam, il y a toujours quelque chose de profondément lumineux et d'éminemment généreux chez Kertész". Conclusion tranchante de Finkielkraut : "Si un survivant d'Auschwitz s'avise de sortir des sentiers battus du devoir de mémoire, le couperet tombe, il est gâteux ! Rien ne peut donc démentir le politiquement correct".
     
     
    • Le rendez-vous de Béziers Les 27, 28 et 29 mai organisé par Robert Ménard.
     
     
     
     
    • La plaisanterie de la semaine illustre un des drames de la fausse notoriété : Yann Moix piégé par un selfie. Chroniqueur d'On n'est pas couché, le commis de BHL serait-il relaps ? A-t-il replongé dans l'hérésie ? On s'interroge avec anxiété sur l'authenticité de ce cliché.   
     
     
    • Règlement de comptes dans le camp "antiraciste". Laurent Joffrin, directeur de Libération et chien de garde de l'esprit libéral voit ici sa prose disséquée par d'authentiques anti-racistes.
     
     
    Éric Verhaeghe trace un portrait de la faune noctambule qui hante La Nuit Debout et de ses références hors du temps. Dans cette sorte de ZAD où cohabitent idéalistes impénitents, agitateurs trotskistes, punks à chien et vendeurs de merguez triomphent les idées molles énoncées dans le charabia de la bobocratie. C'est sans doute pourquoi elles intéressent tant le parti des médias. Sous le subterfuge de la "convergence des luttes" les "nuitards" constituent de fait la nouvelle classe discutante bien éloignée du "prolétariat" dont on se réclame sans cesse. Ils peuvent bien plaider pour le "vivre ensemble", mais n'empêche, ils demeurent strictement entre blancs, et quand un immigrés est convoqué pour ses trois minutes de parole, c'est toujours un sans-papier qui vient raconter sa pénible aventure. Il n'est ainsi que le prétexte pour les couche-tard de cultiver leur autisme. À droite on se demande pourquoi ces rassemblements sont tolérés en plein état d'urgence. C'est peut-être parce qu'ils illustrent le refoulé nostalgique d'une gauche devenu depuis longtemps l'aile complexée du mondialisme libéral. Un refoulé qu'elle ne parvient pas à exorciser.
     
     
    Frédéric Lordon du Monde Diplomatique à Tolbiac le 30 mars dernier devant les étudiants en grève contre la loi El Khomri. Ambiance rétro rappelant les happenings soixante-huitards, la tabagie en moins, puritanisme hygiéniste oblige.
     
     
    Roger Martelli est un vieux crabe stalinien reconverti dans le mensuel Regard où il sévit aux cotés de la bécassine de service Clémentine Autain. Dans cette tribune parue dans Le Monde il fait mine de croire contre toute évidence que les "identités fermées" sont le moteur du capitalisme oubliant que des frontières sûres sont le bouclier des humbles (Régis Debray). Pour se guérir de cette loufoquerie le remède est simple : se dessiller les yeux, considérer les multiples déclarations du MEDEF en faveur d''un "société ouverte" et lire enfin les démonstrations lumineuses de Jean-Claude Michéa.
     
     

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  • «Le populisme, c'est le parti des conservateurs qui n'ont pas de partis»...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Vincent Coussedière au Figaro Vox et consacré à la question du populisme. Professeur de philosophie et essayiste, Vincent Coussedière vient de publier Le retour du peuple - An I (Cerf, 2016) et est également l'auteur d'Eloge du populisme (Elya, 2012).

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    Vincent Coussedière : «Le populisme, c'est le parti des conservateurs qui n'ont pas de partis»

    De la montée du FN à la percée de l'AFD en passant par les surprises Trumps et Sanders le jeu politique apparaît totalement bouleversé dans les pays occidentaux. S'agit-il d'une «dérive populiste» ou du «retour du peuple» annoncé dans votre livre?

    Vincent Coussedière: En 2012, à la suite de mon essai Eloge du populisme, je définissais dans un entretien le populisme comme le «retour du refoulé des peuples européens». Il semble qu'on puisse aussi parler d'un retour du refoulé du peuple américain dont le phénomène Trump est le symptôme… Poursuivons la métaphore freudienne, on sait qu'une pulsion, lorsqu'elle est refoulée, n'est pas détruite, elle disparaît de la conscience pour poursuivre son existence sous une forme inconsciente, elle reviendra donc se manifester sous forme de symptôme. Il en va de même avec le peuple dont le populisme est le retour symptomatique: le peuple a été refoulé par les élites de leur vision de la politique. Ce n'est pas d'abord le peuple qui s'est détourné des élites, ce sont les élites qui se sont détournées du peuple, qui ont fait sécession, comme l'a remarquablement compris très tôt Christopher Lasch. Lorsque je parle donc désormais de «retour du peuple», cela ne signifie pas que j'annonce le retour du peuple comme acteur collectif, cela signifie que je tente de comprendre de quel refoulement le peuple a été l'objet, et pourquoi le peuple revient s'exprimer désormais sous la forme du «populisme». Le retour du peuple, c'est aussi son retour comme question politique et philosophique.

    Ces phénomènes sont-ils comparables, en quoi?

    L'utilisation du terme de «populisme» pour qualifier et unifier une offre partisane par delà les contextes nationaux me paraît artificielle et fausse. Elle crée la confusion et évite d'examiner chaque discours en lui accolant l'étiquette disqualifiante de «populisme». Trump n'a pas la même conception de l'économie que Marine le Pen, ni même de l'immigration ou de l'islam. On reproche au «populiste» de s'adresser au peuple, la belle affaire! On ne voit pas à qui d'autre devrait s'adresser un homme politique dans les conditions de la démocratie… On lui reproche de faire œuvre de démagogie, de proposer des solutions irréalistes, de flatter le peuple. Soit. Mais alors il faut faire l'effort de montrer en quoi ces solutions sont irréalistes, ce dont le qualificatif de «populiste» dispense justement. Bref, l'usage du terme permet de faire l'économie d'un débat politique et verrouille la démocratie.

    Si le terme de «populisme» me semble cependant pertinent à conserver, c'est à condition de l'utiliser pour décrire une certaine situation des peuples eux-mêmes. Ce qui est comparable dans les phénomènes dont vous parlez, c'est la situation des peuples et non l'offre politique «populiste» qui ne vient qu'après, et tente de capter cette situation. C'est du côté de la demande des peuples qu'il y a quelque chose de comparable: les peuples veulent continuer à être des peuples, c'est-à-dire qu'ils veulent continuer à conserver une certaine unité de mœurs, une forme «nationale», et une souveraineté, une capacité libre de prendre les décisions qui leur importe. Ceci s'exprime par une inquiétude profonde quant à l'impact de l'immigration sur les mœurs auxquelles on tient, et par une inquiétude toute aussi profonde quant à une souveraineté paralysée par des alliances post-nationales. Bref, l'unité du phénomène vient de la résistance de vieux peuples politiques à leur dissolution dans la mondialisation.

    «La crise de souveraineté et de légitimité de nos gouvernements actuels est tout aussi grave que celle qui souleva De Gaulle contre Vichy», écrivez-vous. N'est-ce pas un peu exagéré?

    Que signifie l'épisode de Vichy, si ce n'est d'avoir été l'expérience d'un gouvernement qui a cherché à se maintenir en conservant les apparences de la république, c'est-à-dire de la souveraineté et de la légitimité? Nous nous trouvons dans la même situation, dans une apparence de république qui a en réalité perdu sa légitimité comme sa souveraineté. La différence ne réside pas dans la situation elle-même, qui approche du point où, comme le dit Marc Bloch: «le sort de la France a cessé de dépendre des Français.». La différence réside dans la rapidité du «blitzkrieg» qui a conduit à la situation de 1940, et dans la lenteur et le caractère souterrain et masqué d'une «guerre» menée par nos élites contre le peuple, et qui a conduit à la situation actuelle. Nos élites «avancent masquées», comme le dit très justement Marcel Gauchet dans son dernier essai, et les Français ont mis beaucoup de temps à comprendre qu'ils étaient menacés de désintégration. Au final le résultat est le même: nous héritons d'une république qui est une coque vide: privée de souveraineté comme de l'unité d'un peuple qui puisse la rendre légitime. Tout est à recommencer. Il ne s'agit pas seulement de refonder une république mais de réinstituer un peuple. Lorsque je développe ce parallèle dans mon livre, ce n'est pas pour en rajouter par rapport à notre dépression collective, c'est au contraire pour montrer que nous nous sommes déjà relevés d'un précédent aussi grave.

    Quelle responsabilité de l'Europe dans cette «étrange défaite»? Le populisme est-il le problème ou la solution?

    La responsabilité de l'Europe n'est que seconde dans cette affaire, puisque c'est en grande partie nous qui avons voulu cette Europe, en tout cas nos dirigeants, qui se sont accrochés à elle comme à une utopie de remplacement de l'utopie socialiste. J'explique en effet dans mon livre que le populisme est à la fois le problème et la solution. Il est le problème parce qu'il ne trouve pas encore d'expression politique et partisane qui soit à la hauteur des enjeux: non seulement refonder la république, mais réinstituer un peuple qui la fasse vivre. Il est la solution parce qu'il témoigne d'un attachement à la nation républicaine, et non d'un retour aux «heures les plus sombres de notre histoire», comme voudraient nous le faire croire les interprètes paresseux, qui sont, comme le disait Marc Bloch à propos des élites de 1940,: «Mal instruits des ressources infinies d'un peuple resté beaucoup plus sain que des leçons empoisonnées ne les avaient inclinés à le croire (…).»

    Selon vous, «il existe en France une majorité conservatrice qui peine à prendre une forme politique tant elle est écartelée entre la droite républicaine et la droite populiste». Qui regroupez-vous au sein de cette majorité éclatée? Est-ce la France du non au Traité constitutionnel européen? Comment réconcilier nation et république?

    Cette phrase n'est pas de moi mais de Mathieu Bock Côté, je la trouve excellente, et je la reprends en élargissant encore la perspective. Car pour moi le populisme n'est ni de droite ni de gauche, en tant qu'attachement à la nation républicaine, il est un phénomène trans-partisan. J'ai défini dans Eloge du populisme le populisme comme «le parti des conservateurs qui n'ont pas de partis». Mais le conservatisme, contrairement à la doxa régnante sur le sujet, n'est pas forcément de droite. Conservatisme et progressisme sont des catégories qui en elles-mêmes ne veulent rien dire, tout dépend de ce qu'on veut conserver et de ce que vers quoi on veut progresser. Il y a eu une droite révolutionnaire qui ne voulait rien conserver comme une gauche révolutionnaire… Sortons donc de ce clivage droite-gauche idéologique et demandons-nous ce que nous voulons conserver et ce vers quoi nous voulons progresser. Cela permettra peut-être de redéfinir des clivages qui permettent de recouper des options politiques réelles… La caractéristique de la France du non au Traité constitutionnel de 2005 est justement qu'elle dépassait ce clivage droite-gauche. Le populisme est une situation qui va forcer les clivages partisans à se redéfinir autour de la conservation de mœurs qui sont à la fois nationales et républicaines. Nous avons à droite comme à gauche des gens qui ne sont plus attachés à des mœurs nationales, ni à des institutions républicaines, mais à une autre proposition «politique» que j'analyse dans mon livre, et qui est celle du multiculturalisme. Nous avons d'autre part des gens qui ne peuvent concevoir l'horizon de la république en dehors de la nation. Que chacun éclaircisse ses positions et en tire les conséquences… Mon propos dans Le retour du peuple est effectivement de réconcilier nation et république. Nous nous apprêtons à vivre une campagne présidentielle qui va opposer les «nationaux» et les «républicains», cette opposition est idéologique. Dépasser l'idéologie, c'est revenir à la philosophie, pour faire revivre une tradition perdue de la république qui comprenait la «nation» comme son horizon indépassable. C'est cette tradition perdue du nationalisme républicain que je tente de redécouvrir dans mon livre pour en tirer les leçons qui s'imposent.

    Vincent Coussedière, propos recueillis par Alexandre Devecchio (Figaro Vox, 18 mars 2016)

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (7)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    • Pour Didier Beauregard de Polémia les attentats de Bruxelles viennent de provoquer une victime collatérale : la campagne parodique dite "antiraciste", lancée à grands frais par le gouvernement. N'en déplaise aux vidéos obscènes du pouvoir socialiste, si la haine a un visage ce n'est pas majoritairement celui des petits Blancs bêtes et méchants que met en scène la propagande d'État. Il est grand temps de remballer ces sermons manichéens que nos médias dévident à longueur de temps.
     
    • Sur son blog amoyquechaultXavier Eman persifle à propos de la campagne de communication lancée sur les chaines de télévision par le gouvernement. "Tous unis contre la haine" est une série de clips de propagande qui met en scène selon les schémas ordinaires et manichéens de la doxa des minorités toujours en butte à la malveillance cogneuse de "français de souche". Ces clips orwelliens  ("la paix c'est la guerre") sont à ce point éloignés de la réalité tangible, celle à laquelle nous sommes confrontés chaque jour, qu'ils seront reçus avec l'ironie du désespoir par ceux auxquels ils sont destinés. Tout ceci au moment même où Manuel Valls propose dans son discours du 23 mars à Bruxelles de renoncer à "l'angélisme" guimauve... Xavier Eman publie dans chaque numéro d'Éléments une Chronique d'une fin du monde sans importance jouissive à l'humour singulièrement décalé.
     
     
    • Le témoignage particulièrement précieux d'Alain Destexhe, ancien secrétaire général de "Médecins Sans Frontières" et sénateur belge à propos de la fracture ethno-nationale qu'illustre, comme d'autres communes de l'agglomération bruxelloise, l'exemple de Molenbeek-Saint-Jean.
     
     
    • Après les attentats qui ont frappé Bruxelles Mathieu Bock-Côté, sociologue québécois, est exaspéré par l'esprit séraphique qui se dégage des nombreuses manifestations d'amour à la terre entière que les Européens opposent à ceux qui se sont déclarés leurs ennemis et qui entendent bien les rayer de la carte ou les soumettre à leur Dieu. Les cérémonies d'hommage, les minutes de silence, les bougies, les démonstrations compassionnelles et toutes les niaiseries où s'affiche comme indice de supériorité morale de l'occident la dégringolade de la "tenue" de nos nations sont la marque d'un cabotinage pathétique. Pour lui la paix ne se déclare pas et l'attente de la parousie moelleuse est une maladie morbide.
     
     
    • Dans le même esprit Éric Zemmour déclare que "les foules sentimentales ne veulent pas rentrer dans l'histoire", jusqu'à ce que parfois une réalité massive les y pousse et les métamorphose en peuple. Il poursuit "ces foules sentimentales ont une idéologie humaniste, un succédané abâtardi et laïcisé du vieil universalisme chrétien, un tous les hommes sont frères..." Bien vu tant il est vrai qu'un amas de slogans débiles n'a jamais pu constituer une réponse adéquate au tragique de l'histoire.
     
     
    • Le criminologue Xavier Raufer, conseiller d'Europol pour les affaires de criminalité et de terrorisme, livre son point de vue au micro de Charlotte d'Ornellas de Boulevard Voltaire. D'après lui nos gouvernements sont tétanisés par ce qui arrive tels des lapins dans les phares...
     
     
    Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE pointe, dans un bref entretien avec Le Bien Public, la responsabilité de nos responsables politiques qui ont joué la carte de l'islam dans les banlieues et se sont alliés avec les pétromonarchies sponsors du djihadisme.  
     
     
    Hugues Lagrange a réhabilité dans son livre Le déni des cultures (Seuil 2010) le rôle des soubassements culturels dans les conduites délinquantes observées en France chez les jeunes issus de l'immigration. Ceci en réaction à une analyse certes hégémonique mais erronée mettant en avant les seuls phénomènes d'ordre socio-économique (excuse sociale). Il récidive dans une opinion du Monde. Si la tribune est subtile, voire sibylline, nous prévient Gil Mihaely, c'est que l'aveuglement est largement majoritaire chez les décideurs qu'il convient de ne pas braquer inutilement si l'on veut se ménager une part de leur écoute. Hugues Lagrange s'en prend à la thèse confusionniste d'Olivier Roy qui affirme que le djihadisme n'est pas une forme radicale de l'islam mais relève en fait d'une islamisation de la radicalité. Pour Lagrange les victimes de la "discrimination, du racisme et de la stigmatisation" sont en réalité mues par un mélange de culture et de religiosité qui trouve sa source dans l'islam. Une réaction fort bien venue qui ne donne pas dans la narrative des serpents à sonnette du Tous unis contre la haine
     
     
    • Sur le site Le comptoir une intéressante tribune s'élève contre les appels incantatoires à la République qui font suite aux attentats djihadistes. Ces appels sont symbolisés aujourd'hui par la création, sous les auspices de Laurent Bouvet, d'une énième initiative : Le Printemps républicain qui incarnerait selon Le comptoir "un républicanisme mou, voire bourgeois". Le rédacteur en tient, lui, pour la République sociale "porteuse de beaucoup plus d'espoir pour les classes populaires". Pour cela il opte pour le principe de la préséance de la société sur l'individu. Cette offensive contre Le Printemps républicain est suivi de l'estimation beaucoup plus positive de Causeur qui y voit une occasion "de muscler un peu un discours laïque bien mal en point en ces temps de communautarisme religieux échevelé". Les lignes bougent, c'est un fait !
     
     
    Alain de Benoist dans deux tribunes de Boulevard Voltaire évoque la "mixité sociale" dont la véritable raison d'être est de conduire à une "mixité ethnique" à laquelle la plupart des gens se refusent. Puis il aborde le prochain krach financier du à la prolifération des bulles financières, boursières, obligataires et immobilières. La dynamique d'accumulation du capital fonctionne, nous dit-il, sur des bases fictives.
     
     
     
    Christian Harbulot dont nous avions mentionné la récente conférence tenue devant l'auditoire du Cercle Aristote est interviewé à l'issu de celle-ci par Tv-Libertés. Il livre dans cet entretien tout un ensemble d'avis et de jugement très intéressants auxquels nous ne pouvons que nous rallier.
     
    • Illustration de la précédente information, nous apprenons qu'Airbus Group va céder au fond américain KKR ses activités d'électronique de défense. Cette dépossession par les européens eux-mêmes d'un actif hautement stratégique montre à quel point les nations du vieux continent perdent de vue les nécessités d'une défense qui leur soit propre.
     
    • Y-a-t-il un malheur français ? C'est sous ce titre que l'émission Répliques du 19/03/2016 animée par Alain Finkielkraut opposait deux penseurs : Gilles Finchelstein, directeur de la Fondation Jean Jaurès, et Marcel Gauchet, historien et philosophe, rédacteur en chef de la revue Le Débat. Thème de l'émission : comprendre le malheur français.
     
     
    • Dans l'émission L'esprit de l'escalier Alain Finkielkraut prend la défense des animaux de boucherie contre les fermes-usines. Il y développe une magnifique méditation philosophique s'appuyant sur la notion grecque d'hubris et citant Horkheimer et Claudel. Enfin il voit dans les modalités de l'arrestation de Salah Abdeslam (la police s'est heurtée à de vigoureuses protestations de la population) l'indice d'un séparatisme de plus en plus profond. Tous les trois mois, dit-il, parait un livre nous expliquant que l'on s'acharne aujourd'hui contre les musulmans comme on s'acharnait hier contre les juifs. Le dernier en date étant celui de Shlomo Sand, La fin de l'intellectuel français, avec lequel Finkielkraut rompt quelques lances. Il termine enfin avec une merveilleuse citation de Simone de Beauvoir.
     
     
    • Dans une enquête diligentée par le CNRS apparait nettement la coupure civilisationnelle entre collégiens se disant musulmans et ceux qui se disent agnostiques ou catholiques. Vision rigoristes et communautaire d'une part, conception libérale et individualistes d'autre part.
    http://fr.novopress.info/198909/ados-pratique-religieuse-choc-civilisation/
     
    • Bistro liberté, émission produite par Tv-Libertés recevait récemment Laurent Ozon qui a pu exprimer toute la fermeté de sa pensée dans des domaines aussi variés que l'écologie radicale, le localisme (une des formes du souverainisme profond des peuples, contrairement au souverainisme des États), la remigration, et de ce qu'il appelle pertinemment les "médias d'occupation mentale". Il tient que la remigration ne saurait être d'actualité tant que le "système" présent tiendra bon et qu'il pourra compter sur l'emprunt pour remplir les frigorifiques. S'exprimant sur le Front National, il y voit bizarrement une fracture sociologique d'ordre sexuel qui empêcherait ce mouvement d'aller au bout de ses potentialités au moment où précisément le parti fondé par Jean-Marie le Pen apparait pleinement  rejoindre les aspirations les plus profondes de la population. À propos de la suppression de la célébration annuelle de la fête de Jeanne d'Arc il rappelle avec pertinence l'importance du symbolique pour un peuple en état de stress. La séance se termine avec de justes observations sur le rôle de la Russie dans le monde, puis sur le tabou du réchauffement climatique.
    Au cours du débat il exprime l'opinion paradoxale (et contradictoire) que la guerre des idées serait une "fumisterie" parce que l'on ne peut gagner sur le plan des idées contre des gens (il parle du pouvoir qui maîtrise tous les moyens de mise en forme de la population) qui changent d'opinion selon les circonstances et qui sont pro-féministes quand cela leur permet de détricoter la famille et se dévoilent anti-féministes quand des femmes se font violer par des immigrés. Bien, mais qu'a fait d'autre Laurent Ozon durant l'émission que de donner dans la "fumisterie", comme il dit ? On a beaucoup de mal à comprendre une opinion si cinglante qui réduit à néant de nombreuses formes d'opposition à commencer par celle qu'il cultive.
     
     
    • Tribune de Vincent Coussedière sur Figaro-Vox. Il y décrypte le "populisme" comme une résistance des vieux peuples politiques à leur dissolution dans les eaux glacées de la mondialisation. Éric Zemmour dans une critique du livre de Coussedière Le retour du peuple An I,  parue le 24 mars 2016 dans Le Figaro, cite Rousseau, Péguy et Tarde pour qui la République était d'abord une nation et un peuple. Ce lien, oublié de nos jours au profit de la lutte des classes (à gauche) ou des droits de l'homme (à droite), explique que le "peuple tambourine à la porte" selon le titre judicieux de la chronique zemmourienne.
     
     
    Jacques Le Goff analyse le refus angélique du tragique qui caractérise les sociétés occidentales, réfléchit sur les deux types d'individualisme, autocentré et désaffilié source de faiblesse ou l'individualisme marqué par la libre réflexion, qui peut être une force. Il se prononce enfin pour la ré-appropriation de notre héritage, examiné à nouveaux frais.
     
     
    • I-Média, émission de Tv-Libertés animée par Jean-Yves Le Gallou, traite successivement de la pseudo affaire Barbarin, développe son zapping commenté, évoque les multiples points Godwin du traitement médiatique de la semi victoire de l'AfD en Allemagne, rappelle la manifestations des Identitaires à Calais puis, succinctement, la dernière cérémonie des bobards d'or et, enfin, distribue un coup de chapeau à la récente livraison d'Éléments
     
     
    Jean-Yves le Gallou est un spécialiste reconnu des questions migratoires qu'il étudie depuis les années 80. Il vient de publier un ouvrage dense et référencé intitulé : Immigration, la catastrophe, que faire ? En plus de 500 pages l'auteur produit un travail difficilement réfutable sur un sujet qui suscite systématiquement polémiques et contre-vérités. Fort de son expérience politique d'ancien député mais aussi administrative en qualité de haut fonctionnaire, l'auteur affirme que la France a besoin d'une grande loi de rétablissement identitaire et préconise la mis en place d'une véritable préférence de civilisation. Un entretien très convaincant enregistré par Tv-Libertés.
     
     
    • Au delà des aspects indéniablement folkloriques de sa candidature la "nazification" du bateleur Donald Trump par tout l'establishment américain (Démocrates et Républicains réunis) suivi en meute par tous les chasseurs de dahuts "anti-fascistes" n'est-elle pas l'indice le plus sûr qu'il pourrait s'agir pour nous Européens du meilleur prétendant à la présidentielle de novembre prochain ? Son programme de politique extérieure qui seul retient notre attention ici est en tous cas beaucoup plus prometteur pour le "reste du monde" que celui d'Hillary Clinton qui laisse présager un surcroit de chaos aux frontières de notre continent. Encore faudrait-il qu'une fois élu, ce qui est à dire vrai peu probable tant le verrouillage oligarchique de la "démocratie représentative" est puissant, il puisse donner à ses vue isolationnistes ou non-interventionnistes un début de réalisation, ce qui apparait des plus problématiques compte tenu de la puissance de "l'État profond" qui fait en cette matière la pluie et le beau temps. Ci-joint l'avis éclairé du scientifique belge Jean Bricmont puis une opinion approchante et très juste de Jean-Michel Quatrepoint cueillie sur Figaro vox. Enfin l'avis pessimiste mais assez réaliste  de Jean-Paul Basquiat selon qui même si Donald Trump était élu, l'État profond américain ne changerait pas.
     
     
     
     
    • A contrario on peut sans peine imaginer ce que donnerait une victoire finale d'Hillary Clinton, candidate du "Big Business", prisée aussi bien par les néoconservateurs que par George Soros. Ici  dans un article paru dans l'hebdomadaire autrichien  zur Zeit  qui n'oublie pas de rappeler les nombreux faits d'arme de l'ex première dame.
     
     
    • Sur le site "Pour une Europe intelligente. Solidarité et puissance" cette bonne mise au point de son animateur Jean-Paul Basquiat à propos de la dénomination populiste destinée à disqualifier plus qu'à désigner certains partis ou mouvement qui n'entrent pas dans la doxa du politiquement correct, au point que l'auteur en vient à revendiquer fièrement sa propension à se vouloir "populiste". On trouve une  semblable analyse chez Pierre-Henri Taguieff.
     
     
    Gérard Dussouy auteur, entre autres, d'un essai roboratif intitulé Contre l'Europe de Bruxelles, Fonder un État européen (Tatamis 2013, voir la critique de Pierre Le Vigan sur Métamag )regrette dans une tribune donnée au site Le blanc et le noir l'arrimage de la plupart des mouvements identitaires européens sur un repliement national, frappé selon lui d'une impuissance mortifère. Le véritable niveau où leur message pourrait obtenir une véritable pertinence étant continental. Son européisme qui est loin d'être libéral et américanophile serait la métamorphose des formes pour préserver l'essentiel, à savoir notre substrat civilisationnel. Excellente démonstration en ce qu'elle souligne les faiblesses programmatiques du Front national et de ses semblables. 
     
     
    Olivier Zajec publie aux Presses universitaire de la Sorbonne une épaisse biographie intellectuelle de Nicholas John Spykman. L'invention de la géopolitique américaine. Maître de conférence en sciences politiques à l'université Lyon III, Zajec est également enseignant de géopolitique à l'École de guerre et ancien Saint-cyrien. Il collabore notamment au trimestriel Conflits.
     
     
    • Discours prononcé par Viktor Orban, Premier Ministre Hongrois, à l'occasion de la fête nationale le 15 mars. Son thème : Le temps est venu d'empêcher la destruction de l'Europe. Hélas, nous n'avons trouvé que le site de Deuz.info pour en rendre compte.
     
     
    • La bête noire de Bernard-Henri Lévy et de Raphaël Glucksmann, s'exprime devant la camera de Tv-LibertésAlexandre Douguine, intellectuel polyglotte fait preuve à la fois d'une grande retenue et d'une grande sagesse. Il parle d'abord de la dualité identitaire de l'Ukraine qui n'a pu jouer son rôle de pont entre le centre européen et le mole russe à cause du coup d'État du Maïdan inspiré et soutenu par des puissances occidentales qui jouent contre leurs peuples. A propos de l'action de Poutine en Syrie il évoque le pragmatisme de Moscou qui l'aurait poussé à agir afin de conserver certains atouts stratégiques et du même coup se porter à l'avant, comme malgré lui, des représentations continentalistes et eurasistes qui sont en opposition frontale avec le bloc mondialiste américanocentré. Il insiste sur la vision d'une Russie apôtre d'une conception du monde poly-centrique. Enfin il confie son admiration pour Alain de Benoist.
     
     
    • La Russie dessine-t-elle les futurs contours d'un État fédéral syrien ? 
     
     
    • Le point sur l'imbroglio syrien avec le quotidien libanais L'Orient le jour (21 mars).
     
     
    • Au moment où l'armée nationale syrienne est en train de reconquérir Palmyre, faisant ainsi la preuve de sa réelle utilité dans la guerre contre Daech la philosophe Françoise Bonardel dans un très belle évocation rappelle tout ce que peut apporter à notre culture le riche réservoir des civilisations disparues. Cette ville détruite pierre par pierre par les iconoclastes de l'État islamique ouvre aux forces loyalistes à Assad les portes de l'est syrien en direction de Deir ez-Zor où résiste depuis des années une garnison ravitaillée par les airs. Un nouvel Alcazar...
     
     
    • La laïcité dont se réclame officiellement l'État français se porte de mieux en mieux selon Éric Zemmour... Dans sa dernière chronique du Figaro Magazine il se penche sur un article de la loi El Khomri passé inaperçu et sur une loi votée le 8 mars. Et si le grand remplacement loin d'être un fantasme était un véritable projet, conclut-t-il.
     
     
    • Le Groupe Plessis, pseudonyme d'un peloton de hauts fonctionnaires, publie dans Figaro vox une tribune dans laquelle il met en garde les peuples européens à l'encontre d'un mouvement migratoire   qui pourrait les ensevelir rapidement. D'autant que parmi les "réfugiés", surtout masculins, se glissent des milliers de djihadistes prêts à tout pour nuire à la sécurité de nos sociétés. Question : qui tient la main de cette arme de destruction massive ? Ce texte qui ne dit rien que l'on ne sache déjà est cependant doublement révélateur. Il émane en effet d'un groupe de hauts fonctionnaires qui brillent rarement par leur acuité à reconnaitre des problèmes d'ordre anthropologique. Dans cette mesure c'est un nouveauté. Mais d'autre part ce groupe préfère se protéger derrière l'anonymat, ce qui en dit long sur les libertés dans notre République qui cultive, parait-il, la tolérance comme une seconde nature. Comme aime à le répéter Éric Zemmour, les idées de cette avant garde si elles sont majoritaires sont très loin d'être dominantes.
     
     
    • Dans sa chronique de la modernité tardive Éric Werner nous adresse une petite leçon sur la notion d'ennemi prioritaire. Cite Carl Schmitt et pense comme Julien Freund... Werner est édité en Suisse par la maison Xenia de Slobodan Despot.
     
     
    Aristide Leucate prend acte de la condamnation de Radovan Karadzic par le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et relève, à cette occasion, que l'ingérence américaine et de ses suppôts européens ont été un laboratoire de la manipulation médiatique.
     
     
    • Une turquerie drôlement commentée par Jean-Paul Brighelli.
     
     
    • Le même Jean-Paul Brighelli dans un court entretien réalisé par Boulevard Voltaire rappelle que la culture des Lumières est remplacée en Europe par une culture de substitution depuis les années 70. Cette culture de remplacement qui est celle des amis du désastre commence à se faire jour avec la french théorie, pure entreprise de destruction imposée progressivement en France depuis les réformes scolaires de Valery Giscard d'Estaing (pédagogisme, culpabilisation historique, religions exogènes) jusqu'au protocole de Lisbonne pour instaurer finalement de nouveaux préjugés et de nouveaux fanatismes. IL prône pour finir le remplacement des "experts" par des praticiens chevronnés à la tête de l'Éducation Nationale.
     
     
    • Redistribution des cartes au Proche-Orient. Une analyse du site Breizh-info.com
     
     
    • Pour être un authentique antifasciste, ne soyez jamais ponctuel... C'est en tous cas ce que semble recommander Le Progrès de Lyon dans un article de sa correspondante allemande. De là à penser que l'anti-fascisme est retardataire...
     
     
    • Nouvelle publication aux éditions Kontre Kulture de deux ouvrages de Maurice Bardèche en un seul volume. Il s'agit de Nuremberg ou la terre promise (1948) et de Nuremberg II ou les faux monnayeurs (1950) qui avaient valu à son auteur une peine de prison ferme. Le jugement de Nuremberg qui fait aujourd'hui fonction de vache sacrée ouvre la voie à ne reconnaitre dans toute guerre qu'une opération de police internationale visant à faire de l'adversaire un criminel hors humanité.
     
     
    Emmanuel Todd, naguère chantre de l'immigration heureuse, met désormais beaucoup d'eau dans son vin. Dans cet entretien avec L'Obs il déclare notamment que la France est sortie de l'histoire contrairement à l'Allemagne pourtant sénescente. Il affirme que la politique migratoire d'Angela Merkel est dans la continuité exacte de ce qui s'est fait en Allemagne depuis les années 60 sans se dissimuler les difficultés qu'il y aura pour elle d'intégrer des populations dont la structure familiale (plus que l'islam) est à l'opposé de celles, exogame, des populations accueillantes. Selon lui ce devrait déboucher sur une société policière ou militarisée ! Sous-entendant que Gilles Kepel ne sait pas de quoi il parle quand il évoque l'extension du salafisme dans notre pays, il s'emploie à décrire notre société politique comme étant nulle et Hollande comme un fantasme collectif derrière lequel chacun des Français se planque pour ne pas avoir à se juger eux-mêmes. Pour cette fois on ne lui donnera pas tort...
     

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  • Cologne : où sont passées les féministes ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Mathieu Bock-Côté, cueilli sur Figaro vox et consacré aux agressions de femmes commises massivement par des migrants partout en Europe. Québécois, l'auteur est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et a déjà publié plusieurs essais.

     

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    Cologne : où sont passées les féministes ?

    L'information circulait depuis quelques jours sur Internet sans qu'on ne parvienne vraiment à la valider: y avait-il eu vraiment une vague massive d'agressions sexuelles sur les femmes à Cologne, la nuit de la Saint-Sylvestre, par des migrants ou des bandes d'origine étrangère? Il a fallu que la rumeur enfle suffisamment pour que les autorités reconnaissent les événements et que le système médiatique consente à rendre compte du phénomène, dont on ne cesse, depuis, de constater l'ampleur, tellement les témoignages accablants se multiplient à la grandeur de l'Allemagne.

    On peut voir là une preuve de plus de la tendance du complexe médiatico-politique à filtrer les mauvaises nouvelles idéologiques qui peuvent, d'une manière ou d'une autre, compromettre la légende du vivre-ensemble diversitaire. Pour éviter que le peuple ne développe de mauvais sentiments à son endroit, on traitera les mauvaises nouvelles le concernant en les désamorçant le plus possible et en multipliant les mises en garde contre les amalgames. On les réduira à des faits divers, sans signification politique, et on ne commentera les événements qu'avec la plus grande prudence.

    On est loin du traitement de la photo déchirante du petit Aylan Kurdi mort sur la plage qui avait suscité une émotion immense dans les pays occidentaux, d'autant plus que les médias se livrèrent alors sans gêne à une séance de culpabilisation massive, comme si ce petit être au destin si atroce représentait à lui seul l'ensemble de la crise migratoire. À ce moment, l'amalgame était permis: tous les migrants étaient Aylan Kurdi. Chaque segment de la société devait céder à l'impératif humanitaire, ce qui n'est pas sans rappeler la formule d'Elie Halévy, qui voyait dans «l'organisation de l'enthousiasme» une marque distinctive du totalitarisme.

    Pour peu qu'on y réfléchisse, la nouvelle des agressions de Cologne représente l'envers absolu du grand récit de l'ouverture à l'autre, où ce dernier est chanté à la manière d'un rédempteur. On somme les sociétés occidentales d'embrasser une diversité qui pourrait les régénérer de l'extérieur, d'autant qu'elle serait toujours une richesse. On voit désormais qu'elle peut aussi prendre le visage d'une barbarie agressive, où des bandes organisées entendent imposer leur présence sur le territoire, avec la plus archaïque et la plus primitive des techniques de guerre, celle de la prise des femmes, à qui on indique qu'un nouveau pouvoir s'installe et qu'il s'exercera d'abord sur elles.

    C'est une régression civilisationnelle épouvantable qui heurte nos valeurs les plus intimes. La femme, ici, redevient une prise de guerre, comme un bien à prendre. On ne peut parler de simple délinquance. Qu'il s'agisse de bandes organisées ou non n'est pas l'essentiel. C'est d'une offensive brutale, dont on doit parler, où on cherche consciemment ou inconsciemment à faire comprendre à l'hôte qui est le nouveau maître des lieux. Il ne s'agit évidemment pas de faire porter la responsabilité de ces agressions à l'ensemble des migrants, ce qui serait aussi faux que cruel et imbécile. Mais manifestement, parmi ceux-ci, on trouve un nombre significatif de jeunes hommes qui arrivent en Europe avec une attitude conquérante et prédatrice.

    Le déni des cultures, qui laisse croire qu'il suffirait de quelques règles juridiques fondées sur les droits de l'homme pour permettre aux gens de toutes origines de cohabiter, pousse à une politique d'une irresponsabilité criminelle. Qu'on le veuille ou non, toutes les cultures ne sont pas interchangeables et elles peuvent entrer en friction. Une communauté politique est aussi une communauté de mœurs. Quoi qu'en pense Angela Merkel et les autres dirigeants de l'Europe occidentale, on ne fait pas entrer dans un pays des centaines de milliers de personnes aux mœurs étrangères sans provoquer un choc culturel ou si on préfère, un choc de civilisation.

    Devant cette agression, un désir de soumission avilissant se fait entendre. La mairesse de Cologne, Henriette Reker, a ainsi invité les femmes à adapter leurs comportements aux nouveaux venus. Elles devraient garder plus d'un bras de distance pour ne pas exciter des hommes qui ne sont pas encore habitués à la liberté sexuelle caractérisant la modernité occidentale. Les femmes sexuellement libérées sont-elles responsables de l'agression qu'elles subissent? Henritte Reker les invitera-t-elle demain à porter le voile pour faire comprendre qu'elles respectent les nouveaux codes de la pudeur multiculturelle et qu'elles sont vertueuses? Le multiculturalisme se présente ici plus que jamais comme une inversion du devoir d'intégration.

    On se demande ce qu'il faudra encore pour que les sociétés occidentales constatent à quel point l'utopie multiculturaliste pousse au désastre. Se pourrait-il que leurs élites politiques se croient engagées dans un processus inéluctable, pour le meilleur et pour le pire, et qu'elles se contentent, dès lors, de chercher à limiter ses effets néfastes. À bon droit, même si elles le font quelquefois avec une brutalité dérangeante, certaines petites nations d'Europe préfèrent fermer leurs frontières devant la déferlante migratoire, d'autant que le spectacle de l'immigration massive à l'Ouest de l'Europe n'a rien pour les convaincre des vertus de la société multiculturelle.

    Mais on ne leur permet pas. On connaît la doctrine de la souveraineté limitée, qui sous Brejnev, accordait une certaine autonomie aux pays sous sa domination sans leur permettre de s'affranchir du bloc de l'Est ou des principes du socialisme. L'Allemagne l'a récemment réinventée à l'endroit des petites nations d'Europe de l'Est qui ne voulaient pas se plier à l'impérialisme humanitaire germanique, comme si l'Allemagne voulait laver son passé en s'immolant au présent. Chaque nation, apparemment, devrait être entraînée dans cette mutation identitaire majeure à l'échelle d'une civilisation.

    Les gardiens du nouveau régime multiculturaliste ne veulent pas croire qu'ils pilotent allégrement nos sociétés vers quelque chose comme une guerre civile inavouée mélangée à un choc des civilisations. Ces termes sont peut-être exagérés - ou pas. Mais une chose est certaine, ce n'est pas en laissant croire que le régime multiculturaliste accouchera tôt ou tard d'un paradis diversitaire qu'on calmera les angoisses des peuples européens. Les tensions sociales se multiplieront. Cela nous ramène à la question première de la philosophie politique, soit la sécurité élémentaire des sociétaires. Celle des femmes européennes n'est manifestement plus assurée.

    Matthieu Bock-Côté (Figaro Vox, 11 janvier 2016)

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  • Les limites de l'antifascisme carnavalesque...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de Mathieu Bock-Côté cueilli sur Figaro Vox et consacré à l'incapacité dans laquelle se trouvent les représentants du système de comprendre la montée en puissance du FN...

    Québécois, l'auteur est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et a déjà publié plusieurs essais.

     

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    Les limites de l'antifascisme carnavalesque

    Les formules sont convenues et un peu creuses, mais elles sont encore utilisées, comme si elles étaient rassurantes, et même réconfortantes: la poussée du Front national aux élections régionales est accueillie par des cris indignés qu'on veut aussi douloureux. Pour les uns, l'intolérance progresse et la percée du FN confirmerait en fait l'avilissement moral des Français. Pour les autres, les années 1930 pointent leur museau. Dans tous les cas, la démocratie serait en danger contre lequel il faudrait se mobiliser. Les éditorialistes, pour l'essentiel, partagent cette grille d'analyse, qui reconduit, pour l'essentiel, les catégories de l'antifascisme des dernières décennies. Et un peu partout, la presse étrangère, avec quelques nuances, reprend ces catégories et annonce une poussée historique de l'extrême-droite en France.

    Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce cri de scandale ne nous aide pas vraiment à comprendre sa progression. Il confirme la vétusté de l'appareil conceptuel utilisé pour penser le populisme européen. Mais quoi qu'on en pense, on ne pourra pas toujours rabattre la vie politique contemporaine sur la Deuxième guerre mondiale. On cherche souvent, pour confirmer la disgrâce démocratique du Front national, à l'associer à différentes figures de la droite antiparlementaire de la première moitié du vingtième siècle. Mais l'opération est moins scientifique que rhétorique: elle vise à confirmer la culpabilité originelle d'un mouvement politique condamné à représenter l'ennemi de la République, même quand il prétend s'y rallier et cherche à y donner des gages.

    Mais dans les faits, la référence à l'extrême-droite est de moins en moins opérante: il faut sans cesse redéfinir cette notion pour y faire entrer ceux qu'on veut y associer à tout prix. Politologues et sociologues en élargissent sans cesse la définition. Mais aujourd'hui, elle sert moins à décrire qu'à décrier. Elle a surtout pour fonction d'assurer l'exclusion politique de ceux à qui on l'accole, à tort ou à raison et en vient presque à relever de la démonologie. De ceux à qui on accolera l'étiquette, on dira qu'ils sentent le soufre, ou encore, qu'ils ont des idées nauséabondes. C'est l'argument olfactif. On renifle l'adversaire, on l'accuse de puer, on le transforme en ennemi, et on le chasse du domaine public. On conviendra qu'il ne suffit plus à détourner massivement les Français du FN. On atteint probablement aujourd'hui les limites d'un antifascisme anachronique.

    On aura aussi cherché, depuis quelques années, à l'étendre à tous ceux qui contestaient d'une manière ou d'une autre l'idéologie multiculturaliste et les vertus du sans-frontiérisme. On a voulu extrême-droitiser la droite lorsqu'elle ne cherchait plus à respecter les critères de respectabilité édictés par la gauche. On a réservé le même sort aux intellectuels qui s'inquiétaient de la dénationalisation de la société française et qui ne célébraient pas systématiquement la diversité à la manière d'une richesse. On les accusera de «faire le jeu du Front national». Il fallait les censurer et maintenir en vie le fantasme médiatique d'une France à la diversité heureuse. Notre époque serait merveilleuse: qui en doutera sera accusé de complaisance réactionnaire.

    Il ne fallait donc pas prendre au sérieux les raisons profondes qui poussaient un nombre croissant d'électeurs vers ce parti. On connaît la formule longtemps ânonnée: par exemple, il n'y aurait pas vraiment d'insécurité en France, mais un sentiment d'insécurité. Il fallait conséquemment dénoncer ceux qui l'entretenaient. De la même manière, on fustigera ceux pour qui la crise de l'école n'était pas simplement le fruit d'une nostalgie réactionnaire, mais une réalité de mille manières documentée. La simple référence à l'identité nationale, d'ailleurs, sera progressivement disqualifiée: on n'y verra qu'une crispation identitaire symptomatique d'une fragilité psychologique malheureuse. Il n'y aurait pas de déclin français, seulement un déclinisme délirant alimenté par des idéologues qu'on désignera à la vindicte publique.

    Depuis une quinzaine d'années, on le sait, on a assisté à la multiplication des phobies. Elles contribuent à la psychiatrisation de la vie politique. La dissidence est associée à une forme de dérèglement psychique, et on assistera à la multiplication des interdits moraux et idéologiques. L'inquiétude devant l'immigration massive ou le multiculturalisme sera assimilée à la xénophobie. Celle par rapport à la difficile intégration de grandes populations musulmanes en France sera quant à elle assimilée à l'islamophobie. La critique de l'intégration européenne relèvera de l'europhobie. À ce catalogue des phobies, il faudrait aussi ajouter l'homophobie et la transphobie, dont on a beaucoup parlé ces dernières années. Le nouveau régime issu de mai 68 exige qu'on s'enthousiasme devant sa promesse d'un avenir diversitaire radieux ou qu'on passe pour fou. Devant le déni de réel des élites médiatiques, certains cherchent la protestation la plus vigoureuse, même si elle est excessive.

    L'idéologie soixante-huitarde, qui prend forme aujourd'hui à travers la sacralisation de la diversité, a besoin du mythe du fascisme pour poursuivre son implantation. Il lui permet d'associer ainsi aux pires horreurs du vingtième siècle la simple défense des valeurs traditionnelles et des institutions qui les pérennisaient. Dès lors, le progressisme dominant propose son alternative funeste: multiculturalisme ou barbarie. Le désaccord populaire est toujours rabattu sur le fascisme, comme s'il représentait la dernière étape avant la conversion décomplexée à l'extrême-droite. En fait, il s'agit de désarmer mentalement le commun des mortels devant ce qui est quand même une entreprise sans précédent d'ingénierie sociale et identitaire visant à modifier en profondeur l'identité du peuple français et de la civilisation européenne.

    Encore aujourd'hui, on peine à traduire politiquement les clivages nés dans la dynamique des radical sixties. Qu'on le veuille ou non, la distinction entre la gauche et la droite structure encore la vie politique, surtout en France qui, à sa manière l'a inventé. Elle n'est pas sans profondeur anthropologique non plus: la gauche et la droite ne sont pas des notions complètement insensées. Mais il faut bien convenir que ce clivage n'est pas parvenu à donner une véritable forme politique aux enjeux qui touchent à la nature même de la communauté politique. Ils ne s'expriment vraiment clairement qu'avec les référendums européens, pour ensuite se dissiper une fois que le système partisan reprend ses droits. Une frange importante du peuple, dans les circonstances, semble privilégier une politique tribunicienne pour se faire entendre, même si, paradoxalement, elle l'isole politique dans les marges.

    On s'est demandé cet automne pourquoi les intellectuels avaient aujourd'hui plus d'influence que les politiques dans la vie publique. Naturellement, leur parole est plus libre. Ils ne sont pas en position de responsabilité. On les suspecte moins, conséquemment, de dissimuler une part de réalité et d'être lié par une attache partisane. Mais l'essentiel était ailleurs: ne cherchant pas à s'inscrire dans un clivage politique usé, ils parviennent plus aisément à réaliser les synthèses nécessaires et à formuler une vision de l'époque et de ses enjeux délivrée de l'écartèlement habituel et exagéré entre ce que la gauche et la droite de gouvernement croient devoir être. Plus souvent qu'autrement, ils expriment une forme de conservatisme qui est peut-être d'abord et avant tout un patriotisme de civilisation. Ce créneau est aujourd'hui idéologiquement majoritaire en France, même s'il demeure vitupéré médiatiquement.

    Si on laisse de côté le grand récit antifasciste maintenu artificiellement en vie par le système médiatique, on découvre une autre histoire de l'émergence du populisme européen. Sa vitalité politique repose sur un double abandon dont se sont rendus coupables les partis de gouvernement. La droite a sacrifié le patriotisme conservateur qui était la marque distinctive du RPR des bonnes années pour se convertir à un libéralisme moderniste qui n'a jamais suscité l'enthousiasme au-delà du cercle étroit des élus de la mondialisation heureuse. La gauche a renoncé à la défense du peuple pour se convertir à la cause de la diversité et à la sacralisation des minorités, en leur prêtant la vertu rédemptrice autrefois réservée au prolétariat. Le Front national a récupéré ces deux créneaux.

    En un mot, les élites françaises ont sacrifié la fonction protectrice du politique, ou sa part conservatrice, si on préfère. Elles ont ainsi renoncé à certaines aspirations fondamentales au cœur de la cité. Elles ont négligé le besoin d'enracinement au cœur de l'âme humaine. Les enjeux sociétaux ont émergé ces dernières années. Ils rappellent que la politique ne saurait être victime de réductionnisme économique sans s'appauvrir existentiellement. Les hommes, quoi qu'on en pense, ne se représentent pas la société comme une simple association contractuelle d'individus sans liens véritables entre eux. Ils veulent habiter un monde commun, noué dans l'histoire et la culture. Mais on a assisté, à bien des égards, à sa dissolution dans la seule logique des droits.

    Plus encore, les grandes réformes sociétales ont été présentées comme relevant de la fatalité historique. Ce sentiment d'impuissance entretenu par le mythe de la fatalité historique revalorise, par effet de contraste, ceux qui croient que la politique n'est pas sans lien et qui misent sur cette dernière pour infléchir autrement le cours de l'histoire, et reconstruire ce qui n'aurait pas dû être déconstruit. Les partis politiques qui prétendent, d'une manière ou d'une autre, sortir la politique de la seule logique de l'extension des droits et du traitement gestionnaire des problèmes sociaux risquent retrouvent aisément un écho populaire. Ils laissent croire, en quelque sorte, que l'homme a une maîtrise sur son destin, même s'ils font preuve souvent de démagogie en laissant croire que cette volonté est toute-puissante et peut s'affranchir des pesanteurs de l'époque.

    On s'est émerveillé, ces dernières semaines, de la réhabilitation de la Marseillaise et du Tricolore, suite aux carnages du 13 novembre. Personne ne s'en désolera, naturellement. Il y avait là une forme de sursaut patriotique absolument admirable, à mille lieux du réflexe pénitentiel dans lequel le système médiatique se complaît spontanément. Mais une certaine autocritique aurait été la bienvenue: pourquoi les élites, et les élites de gauche, en particulier, avaient-elles abandonné les symboles nationaux? Car le Front national avait moins confisqué la nation qu'on ne lui avait concédée. C'est moins sur son programme spécifique qu'il est parvenu à croître, au fil des ans - d'autant que ce programme est assez changeant et ne se caractérise pas exactement par un souci de rigueur - que sur un désir de nation auquel il était à peu près le seul à répondre explicitement, aussi déformée sa réponse soit-elle.

    Il faut voir plus large. C'est à une crise de légitimité qu'on assiste, en fait. Une crise de régime, si on veut, qui touche toutes les sociétés occidentales même si encore une fois, même si c'est en France qu'elle prend une portée civilisationnelle. La France devient le théâtre des grandes contradictions qui traversent le monde occidental. Le pouvoir semble impuissant à affronter une crise de civilisation à peu près sans précédent et se contente de disqualifier ceux qui le rappellent à ses devoirs et l'invitent à ne pas se contenter d'incantations humanitaires devant des problèmes comme la crise des migrants. Il se permet même de persécuter ceux qui dénoncent son impuissance. Ainsi, ils sont de plus en en plus nombreux à défiler régulièrement devant les tribunaux pour avoir nommé la part de réel qui heurte l'idéologie dominante. C'est, à certains égards, le seul ressort qui lui reste.

    Il y a certainement d'excellentes raisons de s'opposer au Front national, mais la réduction de sa progression à la renaissance d'une forme de fascisme intemporel, qui serait la tentation diabolique de la civilisation européenne, n'en est pas vraiment une. Elle rassure certainement une frange significative des élites politiques et intellectuelles, qui peuvent dès lors prendre la pose avantageuse de la résistance contre la bête immonde, mais elle rend à peu près incompréhensible et inintelligible le pourrissement de la situation qui a pourtant propulsé le Front national au rang de premier parti de France. Et pour tout dire, la meilleure manière de lui faire barrage ne consiste certainement pas à pousser encore plus loin la politique qui a contribué à sa croissance.

    Mathieu Bock-Côté (Figaro Vox, 8 décembre 2015)

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  • La France au risque de l'immigration : le choc du réel...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Mathieu Bock-Côté, cueilli sur Valeurs actuelles et consacré à la question de l'immigration. Québécois, l'auteur est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et a déjà publié plusieurs essais.

     

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    La France au risque de l'immigration : le choc du réel

    On ne relit jamais sans étonnement les essais du début des années 1990, qui prophétisaient l’avènement de la mondialisation heureuse. Les frontières s’aboliraient progressivement et le métissage des peuples permettrait à l’humanité de faire l’expérience de sa profonde unité. D’ailleurs, les grands enjeux de notre temps, comme la lutte contre le réchauffement climatique ou contre les inégalités croissantes de développement, exigeraient d’en finir avec la souveraineté nationale.

    C’est un peu comme si l’optimisme progressiste des modernes les poussait à se croire délivrés de la part tragique de la condition humaine. On pourrait parler d’une “jacquesattalisation” de la pensée française. L’histoire d’avant la mondialisation n’aurait plus rien à nous dire, ce serait celle d’hommes divisés contre eux-mêmes. Les civilisations devraient désormais se fondre dans une même société planétaire et chaque société se convertir au modèle multiculturel. Vingt-cinq ans plus tard, on se demande comment on a pu errer autant.

    Les indices nous laissant croire qu’un tel récit n’était qu’une utopie ne manquaient pourtant pas. La migration de masse n’a pas commencé avec l’actuelle crise des migrants, que l’idéologie médiatiquement dominante entend réduire à sa part humanitaire, alors qu’elle représente aussi une révolution démographique majeure. Cela fait plusieurs décennies, en fait, que les observateurs nous prévenaient pourtant des risques liés à l’immigration massive et à l’idéologie multiculturaliste.

    Mais la “crise des migrants” agit à la manière d’un formidable révélateur. C’est une part du réel longtemps occultée mais pourtant déterminante qui remonte à la surface : les cultures, les civilisations et tout ce qui déborde d’une définition strictement juridique et administrative de la citoyenneté. La sociologie est la première surprise : elle avait décrété que les nations, les cultures et les civilisations étaient des constructions sociales artificielles, que les hommes pouvaient délaisser sans risque.

    On constate que c’est faux. Derrière la déconstruction, on trouve souvent une rage nihiliste, comme si l’intelligentsia désirait néantiser tout ce qui n’est pas recyclable dans son utopie globale. Mais ce n’est pas parce qu’on s’aveugle volontairement devant un pan du réel qu’il disparaît soudainement. Il est vrai que les nations occidentales ont cherché à se déraciner volontairement. On croyait émanciper les hommes en les affranchissant de leur culture. On les a plutôt condamnés à une forme terrible d’errance et de dépersonnalisation collective.

    Et pourtant demeure quelque chose comme un instinct de survie des peuples, qui les pousse à protester contre leur disparition, même s’ils n’ont plus les mots pour le dire. On les accuse de toutes les phobies lorsqu’ils protestent contre le progrès de l’indifférenciation. De la dénonciation de la xénophobie à l’europhobie, en passant par l’homophobie et la transphobie, c’est tout un dispositif de censure idéologique qui s’est mis en place. On psychiatrisera même la nostalgie : il est inconcevable de croire que le monde d’hier pouvait valoir mieux que celui qu’on nous impose.

    Sans faire du populisme à deux sous qui sacralise le peuple, on constatera néanmoins que c’est en se rapprochant des classes populaires qu’on retrouve un attachement aux vieilles vertus, aux appartenances nouées dans l’histoire et aux repères anthropologiques fondamentaux. On comprend dès lors pourquoi la politique contemporaine se clive autour des enjeux sociétaux : ce sont des visions de l’homme assez contrastées qui s’opposent. C’est ce qui se dévoile à travers la fameuse question identitaire.

    La réaction des élites médiatiques et intellectuelles est au mieux navrante, mais plus souvent qu’autrement désolante. Elles savent seulement reprocher aux peuples de ne pas s’enthousiasmer de leur possible dilution. Ils se rendraient ainsi coupables de repli identitaire et de fermeture à l’autre, ce qui est aussi une manière de les psychiatriser. On en comprend qu’il faut être malade ou simplement méchant pour ne pas consentir à la marée migratoire. Autour de la question nationale se joue aujourd’hui une nouvelle lutte des classes.

    Mathieu Bock-Côté (Valeurs actuelles, 28 septembre 2015)

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